34 Les Spectacles de la Foire.

fur une exagération outrée .de fés bénéfices; il offre d'en prouver incontefta-blcment la nullité. Qu'ofe-t-on en effet lui demander cn exigeant le quart de fa recette? Ce n'eft pas feulement le quart de fon bien, le quart de la propriété la mieux' acquife ; non : il en feroit avec plaifir le facrifice à l'humanité fouffrante ; mais c'en le quart d'un bien qui ne lui appartient pas ; qui n'eft et ne fauroit étre à lui. Eh 1 cette recette n'eft-elle pas le jufte falaire des avances, des peines, des travaux, des Lueurs d'une foule d'entrepreneurs, fourniffeurs, ouvriers de tonte efpèce? Cette recette n'eft-elle pas le pain d'une troupe de malheureux enfans qui n'ont de reflburce pour vivre que leurs miférables tréteaux? Il ose le répéter à qui daignera l'entendre, que l'on commette un prépofé à la recette ; qu'on en féqueftre les deniers; qu'à la fin de la foire il paye fur les mémoires réglés par ordre du miniftre ct fés frais de conftruction extraordinaire et fés frais journaliers et les appointemens de fés penfionnaires, Audinot abandonne aux pauvres, s'il le faut, la totalité de fon bénéfice et ne s'en prêtera qu'avec plus de zèle à tout ce qui pourra contribuer à la groffir. Que les infortunés qui ont confié le foin de leur exiftence à fés foibles talens vivent, il eft content.

On ne conçoit pas comment une adminiftration auffi fage, auffi refpectable que celle des Hôpitaux ait pu fe permettre à l'égard des fpectacles forains une injufticc auffi criante, comment un magiftrat auffi équitable ait pu s'y préter ? Que diroit-on d'un gouvernement où l'on annonceroit comme franche une foire, qui depuis fon établiffement jouiroit effectivement de cette prérogative,- où l'on forceroit quantité de marchands à fe tranfporter à cette foire à grands frais, où l'on rançonneroit enfuite impitoyablement ces mêmes marchands en leur enlevant non pas feulement le quart de leurs bénéfices, mais le quart de leur vente fans égard à ce que la marchandife vendue auroit pu leur coûter, fans égard à leurs fraisde voyagé et d'établiffement? Où trouver une expreflion qui puiffe rendre honnêtement une pareille exaction ? Voilà précifément ce qu'a éprouvé Audinot à la foire avec cette différence qu'aucune loi. du prince n'autorife ni ne permet un tel acte de violence.

Audinot bfe efpérer que MM. les adminiftrateurs, d'après cet expofé, voudront bien renoncera la perception du quart ou percevoir la recette entière, en acquittant toutes les dépenfes relatives à la foire.

-- ^l - . (Archiver des Conttu., n~ 1508.)

À M. Ie prévôt de Paris ou à M. le Lieutenant civil.

Supplie humblement, Nicolas-Médard Audinot, muficien de Monfeigneur le prince de Conti, demeurant à Paris, rue des Foffés-du-Temple près le boulevard, paroiffe Saint-Laurent, âgé de 42 ans, natif de Bourmon, capitale du Baff-gni près la Lorraine,



	34 Les Spectacles de la Foire.

	fur une exagération outrée .de fés bénéfices; il offre d'en prouver incontefta-blcment la nullité. Qu'ofe-t-on en effet lui demander cn exigeant le quart de fa recette? Ce n'eft pas feulement le quart de fon bien, le quart de la propriété la mieux' acquife ; non : il en feroit avec plaifir le facrifice à l'humanité fouffrante ; mais c'en le quart d'un bien qui ne lui appartient pas ; qui n'eft et ne fauroit étre à lui. Eh 1 cette recette n'eft-elle pas le jufte falaire des avances, des peines, des travaux, des Lueurs d'une foule d'entrepreneurs, fourniffeurs, ouvriers de tonte efpèce? Cette recette n'eft-elle pas le pain d'une troupe de malheureux enfans qui n'ont de reflburce pour vivre que leurs miférables tréteaux? Il ose le répéter à qui daignera l'entendre, que l'on commette un prépofé à la recette ; qu'on en féqueftre les deniers; qu'à la fin de la foire il paye fur les mémoires réglés par ordre du miniftre ct fés frais de conftruction extraordinaire et fés frais journaliers et les appointemens de fés penfionnaires, Audinot abandonne aux pauvres, s'il le faut, la totalité de fon bénéfice et ne s'en prêtera qu'avec plus de zèle à tout ce qui pourra contribuer à la groffir. Que les infortunés qui ont confié le foin de leur exiftence à fés foibles talens vivent, il eft content. On ne conçoit pas comment une adminiftration auffi fage, auffi refpectable que celle des Hôpitaux ait pu fe permettre à l'égard des fpectacles forains une injufticc auffi criante, comment un magiftrat auffi équitable ait pu s'y préter ? Que diroit-on d'un gouvernement où l'on annonceroit comme franche une foire, qui depuis fon établiffement jouiroit effectivement de cette prérogative,- où l'on forceroit quantité de marchands à fe tranfporter à cette foire à grands frais, où l'on rançonneroit enfuite impitoyablement ces mêmes marchands en leur enlevant non pas feulement le quart de leurs bénéfices, mais le quart de leur vente fans égard à ce que la marchandife vendue auroit pu leur coûter, fans égard à leurs fraisde voyagé et d'établiffement? Où trouver une expreflion qui puiffe rendre honnêtement une pareille exaction ? Voilà précifément ce qu'a éprouvé Audinot à la foire avec cette différence qu'aucune loi. du prince n'autorife ni ne permet un tel acte de violence. Audinot bfe efpérer que MM. les adminiftrateurs, d'après cet expofé, voudront bien renoncera la perception du quart ou percevoir la recette entière, en acquittant toutes les dépenfes relatives à la foire. -- ^l - . (Archiver des Conttu., n~ 1508.)

	II À M. Ie prévôt de Paris ou à M. le Lieutenant civil. Supplie humblement, Nicolas-Médard Audinot, muficien de Monfeigneur le prince de Conti, demeurant à Paris, rue des Foffés-du-Temple près le boulevard, paroiffe Saint-Laurent, âgé de 42 ans, natif de Bourmon, capitale du Baff-gni près la Lorraine,